Le reste du compte-rendu de la conférence que j'ai donnée avec Axel Kahn (université Paris Descartes), Marc Luyckx (philosophe), Bernard Ramanantsoa (DG groupe HEC) et Dominique Thys (administrateur délégué à la direction générale de la Maif) est sur le site EducPros.fr. Merci à la journaliste Maëlle Flot pour ce travail de synthèse.
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Des questions me reviennent à l’esprit quand je recroise ce fameux « ascenseur social » pourtant si indispensable.
Vite oubliées les analyses brillantes de nos apparatchiks de l’éducation qui souligneront avec une mine navrée que « cela ne marchera jamais chez nous »… et qui continuent de penser que l’enseignement en France constitue le meilleur système, comment ne pas être attiré par ce modèle.
Les performances exceptionnelles des lycées et des collèges finlandais (les jeunes de ce pays se classent depuis des années en tête de la plupart des classements comparatifs entre nations pour ce qui est du niveau d’éducation, des connaissances) reposent sur trois dimensions clés : une liberté certaine d’action des établissements qui permet de travailler en équipes et de se libérer des lourdeurs et des lenteurs bureaucratiques ; l’autonomie des choix pédagogiques par les élèves par un processus encadré mais qui donne plus de droit au choix et donc d’intérêt aux études ; un encadrement dont la finalité reste la réussite (absence de redoublement…) et non la répression et la hiérarchisation (des niveaux, des classes, des matières, des établissements).
Il faut, en tout premier lieu, admettre l’évidence du triomphe de cette langue sur les autres. Elle domine largement les trois principaux leviers d’influence. Elle est devenue incontestablement la langue des affaires et des entreprises. Des Rolling Stones à Titanic, de Google à Desesperate Housewifes elle est le trait d’union de cette autre « world culture » que représente l’univers des loisirs. Du classement de Shanghai à l’application du L-M-D elle est l’idiome de l’enseignement supérieur et des Elites culturelles.
Alors comment poser de manière libre et sincère la question de l’apprentissage de l’anglais autrement qu’en abandonnant nos racines, en ignorant la mondialisation ? Comment donner plus de chances aux jeunes de ce pays qui vont de plus en plus devoir se battre sur une échelle internationale pour entreprendre, étudier, trouver un job ?
Les néerlandais forment une grande part de la cohorte des managers internationaux, des coordinateurs des actions des marques…Difficile d’imaginer le monde parlant leur langue alors l’anglais devient une seule et unique voie pour réussir dès le plus jeune âge…Des dizaines de pays agissent dans ce sens. A l’inverse, la francophonie existe mais elle semble devenir un combat d’arrière-garde, perdu d’avance. Qui est en charge de ce sujet au gouvernement ? Qui se mobilise et quelles actions sont concrètement menées ? Même si une remobilisation donnerait de l’actualité à son hypothétique ré-expansion, en quoi cela modifierait les pressions et les risques ?
La vraie question, si difficile à affronter, est donc celle du bilinguisme et de la capacité pour un jeune qui rentre sur le marché du travail autour de 23 ou 24 ans, à connaître deux langues de manière complète. Il doit évidemment maîtriser sa langue natale. Il doit, avec les mêmes automatismes et les mêmes qualités, savoir évoluer en anglais…Notre système d’apprentissage est de plus en plus performant. Les lycées savent apporter de solides bases à leurs élèves. A la sortie de leurs études supérieures, nombre des jeunes qui s’apprêtent à chercher leur premier emploi, comprennent globalement « pas mal »…Mais nous sommes loin de l’excellence, d’une totale capacité à lire, à rédiger, à dialoguer…Comment espérer disposer d’atouts si nous considérons encore l’anglais comme une « seconde langue » ?
Je suis conscient de la difficulté et surtout de la profondeur de la remise en cause, du sentiment de recul réel de sa propre langue, de cette « spirale de la déchéance » qu’on ne cesse de nous rappeler sur les ondes et dans les pages de la presse quotidienne…La véritable question est-elle celle de l’envie ou du besoin ?
Sommes-nous encore libres d’un tel choix ?
Est-ce que résister à ce bilinguisme a un sens à l’ère d’Internet et des N.T.I.C ; qui mondialisent de plus en plus d’échanges économiques, commerciaux, culturels ?
]]>J’interviendrai dans le cadre du débat N°4 qui a pour nom « quelle éducation pour nous préparer à la société de la connaissance » avec Axel Kahn, Marc Luyckz, Dominique Thys de la Maif et Bernard Ramanantsoa, D.G. de HEC.
Dans le cadre d’un débat global sur « réinventer le progrès », la question de l’éducation conduit obligatoirement à celle de l’éducation qui, elle, nous amène à une terrible vérité.
Si les impératifs écologiques et les questions liées à la pollution, à l’extinction des espèces, des dérèglements climatiques, à la diminution drastique des sources d’énergie, aux tensions géopolitiques impliquées par la rareté de l’eau…n’entraînent pas de remises en cause, de reconsidérations des savoirs enseignés et transmis, on est en droit de se demander quelles révolutions le feront ?
Or nous sommes, malheureusement mais il faut en assumer la responsabilité, dans une situation révolutionnaire dès lors qu’on considère que l’amélioration ne peut plus passer par de sympathiques prises de conscience mais par un renversement des priorités, par une révolution de nos modes de vie…et de pensée. Les lieux d’éducation, en particulier les institutions de l’enseignement supérieur, public ou privé, intègrent de plus en plus les questions d’environnement dans les cours et les cursus. Par ailleurs, ils tentent de s’imposer une discipline accrue dans la gestion de l’architecture, du chauffage, des photocopies…mais qu’en est-il de la remise en cause de l’enseignement lui-même ?
Je ne me sens pas l’âme d’un révolutionnaire « le couteau entre les dents ». Je me contente simplement d’une pensée un peu impertinente : peut-on répéter que nous devons affronter des changements drastiques et ne pas remettre en cause (au moins y réfléchir) les principaux modèles de nombre de nos enseignements ?
Il serait faux de considérer que rien ne se fait mais le défi ne consiste pas en une adaptation par petites couches. Il faut déployer ne réflexion plus profonde, plus « révolutionnaire » du rapport de nos actions, donc des enseignements, face aux conséquences pour l’humanité…Et dans le domaine de l’enseignement, personne ne peut se targuer d’avoir atteint un activisme qui le positionne loin devant les autres…
Mais si notre société progresse dans le sens d’un développement durable et assagi, les risques semblent aller à une vitesse supérieure. Pourra-t-on se contenter d’une connaissance qui s’adapte à cette « nouvelle donne » ou devrons –nous inéluctablement nous confronter à une déstructuration / reconstruction des « fondamentaux » qui animent depuis des décennies les Ecoles de commerce, d’architectes, d’ingénieurs… ?
Pour d’autres, l’usage croissant de ces technologies est un leurre qui ne peut pas remplacer l’implication de l’enseignant, la réalité physique du cours avec la confrontation humaine, le face à face qui définit les racines mêmes d’un enseignement transmission.
Entre ces deux positions j’apprécie l’idée que les NTIC vont prendre une place croissante très complémentaire avec le cours actuel, obligeant l’enseignant à opter pour une orientation plus participative (le cours magistral a encore plus de souci à se faire) mais surtout pour une logique globale plus enrichissante. A titre d’exemple un cours sur le positionnement marketing pourra se décomposer en 4 parties : lecture du cours sur le site de l’enseignant en premier lieu ; travail en équipes durant le cours physique qui tient davantage de l’orientation projet que d’un apprentissage rabâchage ; relecture du cours orientée par la pratique ; remise éventuelle d’un projet, d’un dossier, d’une réflexion en team…On balayera sans doute moins de sujets mais ils seront compris, mieux appréciés, mieux intégrés.
Pour celles et ceux qui sont passionnés par les questions centrales de l’enseignement du présent et du futur sous l’éclairage des nouvelles technologies et surtout des implications liées aux développements du Net, que conseille vivement la lecture d’un net-magazine ainsi que la fréquentation régulière d’un site.
Il s’agit de Innovate, « journal of online education », une publication de la Fischler School of Education qui appartient à la Nova Southeastern University (Floride).
L’adresse de ce site : www.innovateonline.info
]]>Après plus de vingt ans dans la publicité j’espérais ne plus avoir à subir les affres des Palmarès et des classements internationaux. Chaque année, avec le Festival de Cannes de la création publicitaire, je retrouvais les mêmes débats et les cris d’effroi devant un classement international qui, naturellement, méprisait les cultures et les spécificités locales, négligeait les réalités nationales au profit de l’empire américain et la culture mondialisée, anglophone « of course ».
Depuis plus de trois ans je constate que si les univers diffèrent et si les débats sont d’une autre nature, la question des classements internationaux dans l’enseignement supérieur en France devient un problème d’Etat et un débat infini qui semble déboucher sur d’étranges initiatives. Le classement de Shanghai est au cœur d’une polémique qui, à la manière de la publicité, oppose des univers de même nature et révèle les mêmes hésitations face à l’internationalisation des marchés, des demandes, des notations.
Généralement on accuse la méthodologie, le choix de critères considérés comme discriminants pour la France parce qu’ils ne correspondent pas à nos organisations ou à nos orientations culturelles. On souffre de l’absence de règles partagées de manière unanime et surtout incontestable. On réfute les conclusions des classements qui soulignent le « retard français », le « grave décalage du système des Ecoles Françaises ». Alors on tente de contrecarrer un « autre impérialisme » en cherchant à créer son propre classement, en diminuant la valeur de l’outil mis en place pas toujours avec l’accord des institutions qui sont jugées…
Oui, la mondialisation s’exerce également ainsi dans la publicité. Un jury international comprend aisément une annonce ou un spot en anglais, fondé sur l’émotion ou une idée aisément exportable. Il juge toujours moins bien les subtilités nationales, l’intellectualisme dont nous sommes accusés, les spécificités culturelles que nous cherchons à exploiter pour créer davantage de connivence avec un public spécifique.
De même, la classification de Shanghai s’appuie sur des dénominateurs communs qui valorisent davantage des Universités et les Ecoles de culture anglo-saxonne parce qu’elle intègre un modèle (dans les domaines de l’organisation, de la recherche, des publications, des jugements propres à une dynamique d’établissement…) qui se réfère à un « juge de paix » qui ressemble étrangement plus à une University qu’à une Université.
Face à une difficulté réelle fondamentalement dépendante de la structure même de l’étude et de la logique mondialisée de ce classement peut-on se contenter de « dégager ou de s’engager » en guise de morale.
]]>Critic-hall part en vacances mais certainement pas en vacance de l’esprit. Quelques semaines en attendant les premiers jours de septembre me permettront de revenir avec une volonté plus forte de rendre ce blog intéressant, engagé, réellement interactif. Bonnes vacances à toutes et à tous.
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